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L'Iran des Pahlavis
Edition Berger-Levrault, 1971
Ci-dessous la PRÉFACE du Shah d'Iran
Tout au long des siècles, Dieu a protégé l'Iran de périls cachés. Ce pays demeure aujourd'hui une nation fière, prospère et indépendante - un bastion de la paix dans cette région troublée du monde.
L'oeuvre de Darius et celle de son prédécesseur Cyrus le Grand surgissent de l'histoire du temps passé. Ces chefs illustres établirent les fondements de l'empire perse dont le destin était de devenir la plus vieille monarchie du monde.
Il se peut aujourd'hui que les citoyens du monde occidental ne réalisent pas l'importance de l'Iran pour les peuples épris de paix. Un simple regard sur la carte suffit pourtant à le montrer clairement. Mon pays constitue la clef géographique de tout le moyen Orient, vers le Pakistan, l'Inde et l'Afrique. Si jamais - Dieu nous en préserve - l'Iran devait s'effondrer, tout le moyen Orient et le continent indien s'effondreraient en même temps, obligeant l'Afrique à se retirer du monde libre et bouleversant l'équilibre des forces.
Rares, dans l'histoire, furent les nations chargées d'une telle responsabilité. Nous connaissons sa grandeur et nous savons aussi qu'elle est glorieuse et lourde.
La conscience de notre mission historique et humanitaire a été déterminante dans l'effort du peuple iranien pour préserver son indépendance et son intégrité à travers notre histoire, fertile en événements et parfois en catastrophes. Aucune autre nation sur la terre n'a peut-être été aussi souvent soumise aux invasions, aux dévastations et aux périodes de décadence, et pourtant si prompte à renaître de ses cendres.
Mohamad Reza PAHLAVI
Shah-en-shah de l'Iran
AVANT-PROPOS de l'auteur
La Perse antique!
La Perse ancienne!
Qui n'a entendu parler de ce pays, magique pour certains, grandiose et merveilleux pour d'autres?
Ce nom seul éveille dans l'esprit un flot intarissable de souvenirs d'enfance, de souvenirs d'école, de souvenirs tout simplement. Immédiatement s'y rattachent les noms également célèbres de Cyrus, Darius, Persépolis, Suse, puis plus près de nous, ceux de Shiraz, Ispahan, Omar Khayyam ou Halez.
Mais nous ne parlerons pas de la Perse dans cet ouvrage. Les livres et les publications en tout genre traitant de ce pays ne manquent pas, au contraire. Les bibliothèques du monde entier renferment dans leurs salles les écrits les plus érudits, les plus pertinents, les plus passionnants d'éminents historiens et archéologues. Innombrables sont les poètes, les savants et les voyageurs qui ont chanté les louanges d'un des plus vieux empires du monde, sinon le plus vieux, et qui trouveront encore des sujets à développer, des récits inconnus à narrer, des ruines à découvrir.
Oui, la Perse ci un passé fameux, une histoire prestigieuse, un art et une culture qui remontent à plus de sept mille ans. Combien de pays peuvent aujourd'hui revendiquer de telles origines?
Nous ne renierons point ce passé, au contraire. Nous en sommes trop fiers. Cette lumière venue de l'Orient il y a plusieurs millénaires a présidé à la construction de la civilisation moderne de l'Europe, et se discerne aujourd'hui encore dans les aspects les plus divers de la vie quotidienne.
Mais ce passé, si glorieux, si merveilleux puisse-t-il être, cache cependant le visage actuel du pays. On associe trop souvent au mot Iran l'histoire de la Perse antique, les jardins de Shiraz, les tapis d'Ispahan, le caviar, le pétrole, la famille impériale. Trop de gens ignorent encore ce qu'est véritablement cet état, héritier de l'histoire la plus remarquable, de la culture la plus raffinée.
C'est pourquoi nous n'avons voulu traiter ici que de la .phase moderne et contemporaine de l'histoire de l'Iran, de ses chapitres obscurs comme de ses périodes heureuses, de ses problèmes, de ses réformes, de ses dirigeants, de sa place dans le Inonde et de ses rapports avec les grandes puissances, l'Iran face à son avenir enfin.
Nous avons essayé de combler une lacune en écrivant ce livre, suite logique de tout le passé de ce vieux pays qui, aujourd'hui encore, par sa situation géographique et la voie dans laquelle il semble avoir engagé son destin, est appelé à jouer un grand rôle dans l'histoire du monde.
Toutefois il est indispensable pour bien suivre notre propos de rappeler brièvement ce qu'a été la Perse autrefois, ce pays qui certes fut gagné à l'Islam, mais qui rejeta l'emprise de l'envahisseur étranger, au contraire de ses voisins immédiats, qui se soumirent aux Arabes ou aux Turcs. Le mérite en revient à la force de la civilisation persane, mais également au sens politique du Persan.
Édouard Sablier a très bien su le dire :
Un pays vieux comme le monde, mais sans cesse rajeuni, et qui, par- dessus tout, a la certitude de survivre. Quand on a dompté le conquérant grec, triomphé de la puissance romaine, assimilé son vainqueur arabe, survécu au Mongol, contenu l'empire ottoman et, cas presque unique dans les annales contemporaines, desserré l'étreinte de l'Armée rouge sur une province pratiquement perdue, que peut-on craindre de l'avenir? Le meilleur argument en faveur de l'existence de ce pays, c'est qu'il ait pu exister jusqu'à ce jour...
Peu de pays ont connu autant de bouleversements et de catastrophes. Et pourtant non seulement le peuple iranien a su conserver intact son caractère national mais encore il a soumis les envahisseurs à sa culture et à sa civilisation.
Continuité. Tel est le mot qui vient à l'esprit quand on étudie l'histoire de cette nation.
A chacune de ces périodes, il s'est imposé par un élément nouveau à la civilisation mondiale, tant au point de vue social et politique que dans le domaine de la culture et des arts.
La période pré-islamique
Si c'est aux environs du deuxième millénaire avant Jésus-Christ que l'on trouve les premières traces des peuplades indo-européennes ou « aryennes » sur le plateau de l'Iran, il a été découvert des vestiges de civilisation remontant au Ve millénaire avant l'ère chrétienne sur l'actuel emplacement du pays.
Sept mille ans de civilisation, d'art et de culture, cela signifie sept mille ans de présence de l'être humain dans cette région, peut-être même plus. Mais d'où venaient ces hommes? Leur origine est encore mal définie. Certaines thèses les font venir de l'Europe, d'autres au contraire de la Russie d'Asie, d'autres enfin auraient prouvé leur appartenance au plateau même.
Une chose cependant est certaine : il y a quatre mille ans, ces peuples se trouvaient déjà à un stade avancé de développement par rapport aux autres peuplades connues à cette époque, et pour la plupart établies entre la Méditerranée et le golfe Persique. En ce temps-là déjà, ils travaillaient les métaux, taillaient le bois et pratiquaient l'élevage des chevaux.
Ces Aryens de l'Iran se divisaient en grandes tribus parmi lesquelles on distingue notamment les Mèdes, les Perses, les Parthes et les Saces. Mais les plus connus furent sans aucun doute les Mèdes, installés principalement au nord, et les Perses, vivant vers le sud, dans les plaines du Fars.
Les Mèdes, les premiers, furent à l'origine de la création de communautés, groupées sous l'autorité de juges. Au cours des siècles, ces juges prirent une importance croissante, devinrent des chefs, et enfin des rois, dès le VII e siècle avant Jésus-Christ. Ils formèrent une sorte d'empire, qui s'étendait de la Mésopotamie d l'Inde. Une capitale fut construite et fortifiée, Ecbatane, et les premiers embryons d'une vie collective, avec ses institutions et ses organismes, apparurent.
Je tiens en premier lieu à remercier très respectueusement Sa Majesté Impériale Mohamad Reza Pahlavi, Shah-en-shah de l'Iran, de l'aide qu'Elle a daigné m'apporter dans la réalisation de cet ouvrage et des audiences parfois très longues qu'Elle m'a accordées ces dernières années. Toutes ces heures passées en Sa présence dans Son cabinet de travail m'auront été de la plus grande utilité pour l'achèvement de ce livre, notamment en ce qui concerne le dernier chapitre consacré à l'Iran de l'avenir.
Je remercie le général Hassan Pakravan pour toutes les facilités qu'il m'a données depuis de longues années afin de m'aider à terminer cet ouvrage. Je remercie tous les présidents iraniens du Conseil qui se sont succédé à la tête des affaires du pays depuis 1953 et qui m'ont donné les renseignements les plus précieux pour rendre ce texte objectif. Je tiens à citer ici feu le général Fazlollah Zahédi, feu Hossein Ala, le Dr Manoutchehr Eghbal, l'ingénieur Jaffar Sharif Emami, le Dr Ali Amini, M. Assadollah Alam, feu Hassan-Ali Mansour et M. Amir- Abbas Hoveyda.
Je veux remercier également un très grand nombre de hauts fonctionnaires, professeurs d'universités, écrivains et journalistes, tant iraniens qu'étrangers, qui m'ont apporté un concours efficace et nécessaire.
Enfin et surtout je remercie ma femme qui a été nia principale collaboratrice dans la rédaction de cet ouvrage et qui m'a secondé patiemment pendant huit ans pour m'aider à le terminer.
Freidoune SAHEBJAM
